La semaine dernière, je vous expliquais les bases concernant la qualité de la lumière dans cet article. Aujourd’hui place à un petit atelier pour mettre en pratique les concepts théoriques liés à la pénombre.
Matériel nécessaire



Je ne possède actuellement pas de matériel spécifique pour produire un éclairage artificiel de type studio (du moins pas encore 😉).
Profitons donc de la situation pour réaliser des tests que vous pourrez reproduire sans aucun souci chez vous également. Pour ce faire, vous aurez besoin de plusieurs choses :
- Un appareil photo qui vous permet de piloter les 3 réglages de bases (Ouverture, Vitesse et ISO).
- Un trépied ou un support pour poser votre appareil photo durant la prise de vue.
- Une grande feuille blanche (personnellement, j’avais un poster de 60x80cm que j’ai retourné).
- Une source de lumière (une lampe de bureau fera l’affaire).
- Un réflecteur maison (une feuille de papier photo finition glacée).
- Un diffuseur maison (fabrication plus bas avec papier de cuisson).
- Un objet à photographier (une agrafeuse dans mon cas).
Préparer la scène
La première étape consiste à préparer le « coin shooting ». Pour ce faire, j’ai déposé mon poster sur une table qui était appuyée contre un mur. Pour supprimer la ligne d’horizon sur vos images, appuyez la grande feuille blanche en partie sur le mur et sur la table en laissant un arrondi pour la transition.



Ensuite, sortez votre appareil photo et installez-le sur le trépied. Si vous n’avez pas de trépied, ajoutez simplement un support qui vous permet d’avoir une position identique entre les différentes prises de vues (il peut également être utile si vous devez rallonger les temps de pose). Et finalement, vous pouvez déposer l’objet « modèle » sur la feuille blanche.
Réglages de votre appareil photo
Pour réaliser ces tests, je vous conseille de partir sur un mode totalement manuel afin d’être sûr de piloter un seul paramètre à la fois. Sur la plupart des boitiers, c’est le mode « M » et si vous avez un Fujifilm comme moi, il vous suffit de renseigner une valeur numérique sur chacune des molettes de réglages.
Voici les paramètres que je conseille pour commencer les tests :
- Les ISO les plus petits que vous possédez (ISO 160 sur mon X-T4 par exemple).
- Une petite ouverture afin d’avoir l’entier de l’objet net (f/16 par exemple).
- La vitesse sera le réglage que nous allons ajuster pour arriver à une bonne exposition. Je varie ce réglage afin de compenser l’impossibilité pour moi de régler l’intensité lumineuse sur ma source de lumière. Lors des tests, lorsque vous reculerez la source, l’intensité lumineuse sur l’objet sera plus faible. Ce qui signifie que la photo risque de manquer de lumière. Pour compenser ce problème, prolongez le temps de pose sur l’appareil photo.



Sur mon Fujifilm, je règle la vitesse sur « T », car il me permet d’ajouter des temps d’exposition plus longs qu’une seconde.
Alternative possible : si le mode manuel vous fait peur, utilisez le mode Priorité à l’ouverture. Votre appareil calculera automatiquement une exposition moyenne sur votre scène en variant la vitesse d’obturation. Pour les Fujistes, il faut passer la molette de la vitesse sur le curseur A.
Test 1 : Variation de la pénombre



Objectif
Pour commencer, je vous propose de simplement nous amuser avec une seule source lumineuse que nous allons avancer/reculer afin de vérifier les impactes sur la pénombre.
Attention, lorsque je dis « reculer la source lumineuse », il est nécessaire de le faire dans le même axe virtuel (en rouge sur mon schéma ci-dessous).
Cela signifie que vous devrez prendre la source lumineuse dans la main et l’éloigner progressivement de votre table (voir le schéma ci-dessous)
Résultats en images
N’hésitez pas à cliquer sur les images pour zoomer.
Test 1 – Constat
Lorsque la source lumineuse est proche du sujet (mon agrafeuse), la pénombre (zone de transition entre la zone d’ombre et de lumière) est grande et dégradée (l’ombre est légèrement plus floue). Plus je recule ma source de lumière et plus l’ombre devient précise (donc une pénombre courte et dure). En reculant la source, l’intensité lumineuse sur l’objet diminue. Je dois donc compenser en augmentant le temps d’exposition.
Test 2 : Utilisation d’un réflecteur



Objectif
Visualiser l’impact d’un réflecteur sur un objet avec une seule source lumineuse. J’ai utilisé un papier photo (glacé) pour faire office de réflecteur.
Résultats en images
N’hésitez pas à cliquer sur les images pour zoomer.
Test 2 – Constat
Le réflecteur est très pratique pour déboucher une zone d’ombre située à l’opposé de la source lumineuse. Il permet donc d’éviter un investissement dans deux sources de lumière (gain financier). Attention, il faudra dans certaines situations redoubler d’ingéniosité pour le fixer (avec des pinces ou une tierce personne).
Test 3 : Utilisation d’un diffuseur



Objectif
Comprendre le rôle d’un diffuseur et les différents réglages possibles avec ce dernier.
Fabriquer son diffuseur maison
Il existe de nombreux tutoriels sur internet pour réaliser un diffuseur maison. J’ai utilisé personnellement la solution avec du papier de cuisson fixé sur un carton.



Rien de bien méchant, voici la marche à suivre :
- Prendre un bout de carton d’environ 40x35cm
- Découper une fenêtre à l’intérieur en laissant des bords de 5 cm de chaque côté.
- Découper un bout de papier sulfurisé (1 cm de moins que la taille de votre carton initial)
- Utiliser du ruban adhésif de type gaffeur (quelque chose de puissant) afin de fixer le papier sur le carton.
- Le diffuseur est prêt (il est possible d’ajouter des support de pied en carton au besoin).
Résultats en images
N’hésitez pas à cliquer sur les images pour zoomer.
Test 3 – Constat
Dès que l’on rajoute le diffuseur entre la source lumineuse et l’agrafeuse, les ombres deviennent beaucoup plus douces. Plus le diffuseur est proche du sujet à photographier, plus les ombres s’estompent. Pourquoi à votre avis ? Si vous avez bien saisi la théorie, c’est simplement parce que le diffuseur va transformer la source lumineuse initiale en source de taille relative plus grande pour le sujet.
Clôture de l’atelier
Entre la théorie de la semaine dernière couplée à cet atelier pratique, je pense que vous avez désormais une base solide pour débuter votre propre lecture et compréhension de la lumière.
À vous désormais d’apprendre à l’analyser au quotidien, à interpréter ses variations et surtout de pratiquer des compositions qui intègrent ces différents principes étudiés !
Bonne semaine !
J’adore ton idée de matériel maison, ça permet de s’équiper à moindre coût ! Merci pour les astuces
Merci Marie pour ton commentaire. Je pense que le matériel maison peut satisfaire les amateurs dans beaucoup de situations (et surtout dans la phase d’apprentissage). Après, pour du shooting de modèle, c’est évident qu’il faudra passer sur du matériel dédié et plus professionnel.
Merci Dany pour cette article. Le résultat est sans appel ! Cela va nous aider à améliorer nos phots sans passer par la case « retouche »
Merci Vincent pour ton passage sur le blog. Si par “retouche” tu entends modification localisée, effectivement quelques réflecteurs peuvent te permettre de faire du job intéressant pour déboucher des zones d’ombre par exemple. Par contre, je ne recommande pas de faire l’impasse sur la partie “développement” de tes fichiers bruts (RAW). Je suis en cours de rédaction d’un article sur le sujet, affaire à suivre 😊
Merci pour cet article très instructif! je trouve ça chouette que tu donnes aussi des solutions « maisons » (est-ce qu’un papier calque fonctionnerait à la place du papier cuisson?)
Bien sûr que le papier calque fonctionne très bien! Tu peux aussi utiliser du papier standard, de couleur ou du tissus. Je pense même que le résultat sera plus homogène que mon papier cuisson qui lui a tendance à prendre facilement les plis. L’objectif de cette surface est simplement de laisser passer plus ou moins de lumière (selon l’effet escompté) mais de manière plus diffus. La seule limite sera donc… ton imagination !