Cover Article - Photo haute montage avec Jiri Benovsky

La photo de haute montagne avec Jiri Benovsky

Cette semaine, je partage avec vous l’approche photo d’un alpiniste et photographe amateur basé à Genève : Jiri Benovsky. Il n’a peut-être pas la notoriété des photographes qui faisaient l’objet de mes précédents articles, mais sachez qu’il y aura tout autant de conseils pratiques à retenir dans cet article.

Bonne découverte !

Pour rappel, cette article fait l’objet d’une série sur des célèbres photographes que je rédigeais chaque semaine dans le cadre de mon premier défi personnel. Pour en savoir plus, cliquez-ici. Pour découvrir les autres photographes concernés, voici la liste complète !

Les Alpes suisses et françaises

Montagne Schilthorn, Lauterbrunnen, Suisse
Schilthorn, Lauterbrunnen, Suisse

Voici un des terrains de jeu favori de Jiri Benovsky, comme il le témoigne dans son excellent bouquin « Les Alpes — L’image qu’on s’en fait, l’image qu’on en fait ». C’est d’ailleurs cet ouvrage qui m’a permis de découvrir ses talents ainsi que sa passion pour la photographie de montagne. À l’intérieur de ce livre figure sa vision de la photographie, les différentes approches possibles des régions montagneuses selon la saison, et finalement de nombreuses astuces pour réaliser des clichés en haute montagne. 

Photographier en montagne toute l’année

Glacier Wengen, Lauterbrunnen, Suisse
Wengen, Lauterbrunnen, Suisse

Jiri Benovsky nous explique que chaque saison à sa particularité en montagne et, comme vous vous en doutez, les activités que l’on peut y faire varient également. Par contre, un aspect intéressant qu’il mentionne, auquel nous ne pensons pas intuitivement, est la lumière et les couleurs. Il est vrai que photographier un paysage avec un coucher de soleil estival est loin d’être comparable à ce même paysage en pleins mois de décembre.

Voici une liste des particularités de chacunes des saisons selon ses dires :

L’hiver

  • La montagne possède une magnifique robe blanche renouvelée chaque année.
  • Températures froides et parfois dures.
  • Lumières rasantes même durant la journée.
  • Les jours sont courts.
  • Le froid et le gel donnent l’opportunité d’aller faire des photos de cascades ou lacs gelés.
  • Activités possibles : ski, peaux de phoques et escalade de cascades gelées.

Le printemps

  • Il fait souvent plus beau qu’en hiver et c’est plus simple pour faire des photos car le contraste neige/soleil est moins prononcé. Association de soleil et de ski plus abordable.
  • Les cabanes de haute montagne sont ouvertes. C’est donc une belle opportunité pour réaliser des couchers et levers du soleil.
  • Activités principales : peaux de phoques, alpinisme et escalade.
  • Saison mixte avec la possibilité d’aller skier un jour et d’escalader un autre.
Lac de glacier devant une montagne
Griesslisee, Suisse

L’été

  • C’est encore l’hiver en haute montagne donc ça permet de se rafraîchir de la chaleur du bas.
  • Période propice pour aller photographier les couleurs de l’aube et du soleil couchant sur les sommets les plus élevés (températures plus clémentes).

L’automne

  • Saison un peu délaissée par les montagnards, mais à tort selon Jiri Benovsky. C’est la plus belle période pour l’escalade.
  • Paysages alpins avec des couleurs magnifiques et surtout sans la cohue estivale.
  • Le mauvais temps apporte des ciels menaçants qui embellissent tes images.

Le style de Jiri Benovsky

J’ai identifié deux points essentiels dans son travail :

Son approche narrative de la photo

Marcheur à Grindelwald
Grindelwald, Suisse

L’alpiniste genevois partage également dans son livre une vision intéressante de la photographie ; le rôle du photographe n’est pas de braver tous les dangers pour réussir à avoir une image « du bout du monde ». Selon lui, obtenir un beau cliché est principalement de savoir saisir la réalité et de la représenter de manière à faire rêver son lecteur.

Il faut créer un contenu narratif au sein de votre photo pour réussir à laisser parler l’imagination de votre spectateur. Jiri Benovsky aime utiliser dans ce sens un « personnage », c’est-à-dire une personne qui l’accompagne qui va jouer un rôle bien défini et planifié durant la prise de vue. Il préfère donc réduire l’approche documentaire de ses images afin de mettre en avant une histoire.

Les panoramas sont les bienvenues

Jiri essaye toujours de transmettre à la personne qui contemple son image l’émotion qu’il a eue lors de la prise de vue. Bien sûr, il est conscient que l’on peut seulement tenter de s’en rapprocher, mais atteindre un tel but est pratiquement impossible.

Pour y arriver, il utilise une technique particulière afin de montrer un champ visuel aussi large que sa vision humaine sur le terrain : la prise de vue panoramique. Il pourrait employer un grand angle comme la plupart des photographes de paysage, mais la déformation sur les sommets rocheux le dérange alors il a décidé de prendre l’option de : l’assemblage de plusieurs clichés. De plus, bien souvent, le sujet est trop éloigné pour utiliser un grand angle.

Il réalise donc une série de photos du paysage (allant de 3 jusqu’à 9) et les assemble ensuite en post-traitement. Pour réussir cette technique, il n’utilise pas de trépied, car trop encombrant à transporter. Il préfère prendre deux points de références dans son image (afin de garder son horizon bien droit) et les exploiter pour avoir une superposition de 20-30 % entre deux clichés du panorama.

Attention toutefois, cette pratique fonctionne bien avec des éléments immobiles, mais si vous désirez ajouter un sujet humain, il faudra lui dire de ne pas bouger pendant toutes les prises de vue.

« On ne photographie pas un paysage, on photographie la météo. »

Jiri Benovsky

La photographie de ski

Skieur en hors piste
Skieur en hors piste

Voici quelques remarques intéressantes de Jiri sur le sujet du ski :

  • Cette pratique ne s’improvise pas. Une préparation minutieuse est la clé du succès.
  • Demandez à un guide de haute montagne de vous accompagner dans vos sorties. Non seulement il sera d’une aide précieuse pour assurer ta sécurité et vous faire découvrir des endroits isolés, mais en plus, il pourra vous servir de modèle car il sera un excellent skieur.
  • Jiri utilise deux types de focales pour réaliser ses clichés de ski : une longue de 70-200 mm f/4 et un grand angle de 10-22 mm. À savoir qu’il utilise un boitier DX, donc il faut encore prendre en considération le ratio 1.6 (Canon). Son 200 mm est donc en réalité un 320 mm.
  • Il insiste sur l’optimisation de la légèreté de son matériel. C’est la raison pour laquelle il n’utilise pas un plein format avec son poids et ses objectifs plus encombrants.
  • Toujours avoir son appareil accessible. Jiri utilise pour ça une sacoche de type kangourou qui lui permet de ranger et de sortir son boitier rapidement depuis son torse.
  • La vitesse est un facteur essentiel dans ce domaine. Il doit pouvoir figer chaque élément de l’image (y compris la gerbe de neige derrière le skieur). Pour cela, il est indispensable de régler la vitesse d’exposition aussi courte que possible.
  • Deux autres vitesses entrent en considération également. Celle de la mise au point tout d’abord. Votre boitier doit être capable de faire un focus très rapide sur votre sujet. Et la vitesse de prise de vues en rafales. Son boitier (Canon 7D) offre une cadence de 8 images/seconde au format RAW. Attention, votre carte mémoire doit aussi permettre un enregistrement rapide des données. Une Extreme IV de SanDisk fait très bien l’affaire par exemple.

7 conseils à appliquer pour la photo de haute montagne

  1. La planification est d’une importance capitale. Calculez correctement vos durées pour être au bon moment, au bon endroit et prêt à déclencher.
  2. « Ce sont les nuages et la lumière qui transforment un paysage de montagne et lui confèrent son irrésistible beauté » mentionne-t-il. Donc, sortez photographier même (ou surtout) quand il fait mauvais temps.
  3. La nature est parfois capricieuse et des fois généreuse. Armez-vous de patience pour réaliser le cliché désiré et n’hésitez pas à revenir encore et encore au même endroit pour arriver à vos fins.
  4. Profitez des lacs pour réaliser de magnifiques reflets sur vos panoramas. Attention toutefois à planifier un jour sans vent, car la moindre brise peut suffire à casser la netteté d’un reflet.
  5. Il est important d’exposer correctement votre ciel. N’hésitez pas à jouer avec un filtre dégradé gris neutre pour y parvenir.
  6. Utilisez des modèles complices pour habiter vos photos afin de donner une échelle et également raconter une histoire.
  7. Travaillez avec la lumière de manière à peindre votre image. 

En savoir plus sur Jiri

Malheureusement, son travail photographique n’étant pas libre de droits, je n’ai pas pu vous partager d’images réalisées par Jiri Benovsky dans mon article. Je vous invite en revanche à aller explorer son site internet ici, ainsi que ses comptes sur les réseaux sociaux :

Le mot de la fin

Vous l’aurez compris, il a des astuces à découvrir derrière chaque photographe qui pratique son art avec passion. Ils ont tous une histoire et une approche qui leur sont propres et chacun d’eux possède des choses à partager. 

La semaine prochaine, je vais quitter la beauté des paysages naturels et me concentrer sur des horizons plus urbains avec de la photo de rue.

D’ici là, je vous invite, non pas à choisir deux conseils dans la liste, mais simplement d’essayer de réaliser un panorama d’un environnement proche de chez vous.

À la prochaine !

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Dany
Dany

Photographe amateur depuis plusieurs années, mon expérience m’a permis d’évoluer dans ce milieu en passant par plusieurs marques : Sony, Nikon et Fujifilm.
Autodidacte, je continue à me former et je partage désormais mes différentes expériences avec une communauté de passionnés.

Publications: 17

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